Il faisait noir et sombre

Il faisait noir et sombre, la forêt faite d'ombres,

Arbres géants, silhouettes en rangs serrés

Les buissons étaient hauts. Tu avançais, harassé

Butant sur des branches, tu trébuchais, nombre

De souvenirs, de ces moments d'angoisse, perdu!

Ce monde étrange, étranger qui y joue sa vie,

Est-ce humain de voir, dans ces moments maudits,

Un être isolé, fuyant ses souvenirs, dans un tel sursis?

Le masque tombe seul, et tu entends au loin, les chiens,

Et tu cours, cours, cours, tu tombes te ramasses: peur,

Peur du noir intense, et de ces bruits: horreur

Tes yeux dans le néant, tu t'effondres! Plus rien

N’a d'importance, fuir, comme dernière chance,

Tu les entends qui se rapprochent et là, tu cries

Ton désespoir, les étoiles et la lune obscurcis

De nuages intenses, tu es las, fatigué: défiance

Au monde des vivants, la meute est à tes trousses,

- tentation d'arrêter, abandonner - épris de liberté,

Disparaître, cette vie: décider, vite, mais décider

Secondes sont des heures, le ruisseau traversé: frousse

Te pousse, les aboiements, toujours, harassé, épuisé,

La route en contrebas, courir, s'enfoncer, pleurer,

Héros de l'impossible, barbelés, horrible destinée...

Et si ce n'est qu'un cauchemar, un rêve éveillé

 

Tu avances, mourir, quelle importance, tu sais,

S’obstiner à comprendre, vouloir déchiffrer

Ces calomnies, blessantes, récurrentes, fantasmées,

ces peurs du passé, refoulé, des moments oubliés..

Amnésies de ces guerres, du vivre du naguère, plaies...

Mystère des austères silences de la communauté

Frondeuse, mémoire mutilée, honteuse d'abandonner

Ces gens, exsangues, opprimés, décimés, oubliés!

26.03.2016 © Copyright Yassine LAPLUME

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